Nous y sommes,…Après ma qualification et participation en 2015, je m’étais donné 2 ans pour me re qualifier. J’y suis arrivée en avril 2017 en Afrique du Sud et ça n’a pas été facile. La prépa a commencé en novembre 2016 pour être prête le 2 avril 2017. Ensuite, un peu de repos pour reprendre rapidement l’entraînement pour les championnats du monde d’Hawaï. Cette année a été magnifique, beaucoup d’entraînements, peu de relâche, un rythme soutenu au quotidien afin de pouvoir tout concilier, de la rigueur, des entraînements dans le froid, des moments de craintes mais aussi de joie, de partage lors de mes entraînements, lors des stages,… Une saison qui dans l’ ensemble fut remplie de beaux résultats. Et pour une fois très peu blessée, et donc beaucoup moins de stress, de prise de tête.
Arrivée à Kona le 5 octobre, 8 jours avant la course, ceci afin de récupérer du décalage horaire et de m’acclimater un maximum : chaleur, humidité, vent. Le voyage se passe bien, je suis détendue. A Kona ouf, les bagages sont bien tous là , que demander de mieux. Je déballe ma valise vélo et là c’est la catastrophe… Là où s’accroche la patte du dérailleur au niveau du cadre est fendu et plié, … on est jeudi soir et en Belgique vendredi matin, je dois trouver une solution…J’appelle quelques personnes afin de savoir quoi faire, je dois garder mon calme mais à l’intérieur de moi, j’aurais explosé. Que faire ? Louer un vélo ? Acheter un nouveau ? Faire venir de Belgique un autre vélo encore faut-il en trouver un ? Benja me propose de prendre son vélo, très gentil de sa part mais aucune discussion sur ce sujet, je refuse peu importe, même si je ne trouve aucune solution. J’opte pour la décision d’attendre le lendemain et d’aller voir le vélociste de Kona sur avis des amis connaisseurs en Belgique.
Dans le magasin, plus aucun vélo de location, acheter un,…. 7000 dollars à sortir, j’aurais dû faire 3 soupers fromage hihi. Au final, le vélociste me dit que l’on peut mettre une sorte de plaque qui s’accroche au dérailleur et qui tient au cadre grâce au serrage rapide,… Bon faisons cela, je pose au moins 10 fois la question s’il est sûr ☺. Après avoir fait 2-3 fois l’exercice d’enlever la roue et la remettre car dès que le serrage est enlevé, le dérailleur tombe, je repars avec mon vélo, peu confiante et au fond de moi, une crainte énorme. Arriver jusque -là et ne pas savoir si ça tiendra,….Benjamin est là évidemment pour me rassurer.
Au final la semaine se passe super bien. Natation en piscine pour garder mes sensations et ensuite en mer. Essai du vélo le dimanche 8, j’appréhendais ce moment et au fond de moi, je n’avais pas envie d’aller le tester. Ne pas savoir, parfois est plus rassurant,… les 2 heures se passent bien et je fais attention en changeant mes vitesses. C’est seulement le 10 octobre que je serais vraiment rassurée, après avoir roulé à nouveau. A pied, reconnaissance sur Alli Drive et Énergy Lab : nikel. La semaine s’est déroulée avec la présence de Sacha de Bilderling et Yannick Antoine.
Ça m’a aidée à être plus détendue. ☺
Cette semaine d’avant course m’ a permis de me reposer, de pouvoir gérer les soucis à l’avance et d’ aborder cette course dans de bonnes conditions. Le jour J est arrivé. Je suis impatiente de prendre le départ, j’ai hâte de nager et je suis plutôt confiante.
Départ pour nous les femmes à 7h20, 15 minutes après les hommes. Positionnée bien entendu en première ligne, ça se bagarre déjà avant le départ. Le coup de feu est donné, aller vite pour se dégager et après peu de temps, je suis déjà à l’aise, avec une dizaine de filles, je me sens bien. Après environ 1 km, on rattrape quelques hommes mais sur le retour, il y en a de plus en plus, je serpente et accélère pour les passer afin de me dégager et garder le rythme. Je ne sais pas du tout en combien de temps je suis sortie de l’eau mais c’est passé super vite. La transition est bonne, je prends rapidement mon vélo.
180 kms à parcourir en sachant que c’est environ après « Hawai » plus ou moins au 100 kms, qu’il faudra être en forme pour ne pas devoir rentrer à du 15km/h. Je commence le parcours en étant bien, je dépasse du monde au début et puis je prends mon rythme. Évidemment, beaucoup d’hommes me passent mais ils se replacent juste devant moi, je râle, je ralentis pour garder mes distances. Puis un moment, je ne fais que cela ralentir, j’en peux plus et la boum, je dépasse toute la file et après je leur crie à chaque fois quils me font une queue de poisson. Le vent se fait assez fort au km plus ou moins 45 à Waikoloa, ça ce n’était pas prévu. La côte d’Hawai, vent de face dur, mais les jambes sont là et tournent bien. Au turning point, je me dis cool ça descend, ça va aller vite,…au début oui puis après moins bien, vent latéral, les jambes lâchent. Je suis au ralenti, allez boire, manger,… s’hydrater, se refroidir. Mon corps a peut être juste besoin d’un temps de relâche. Je pense à pas mal de personnes en Belgique qui me suivent, des personnes pour qui je voulais me battre. Il me reste 60 kms, je reprends des forces et ça va mieux. Les 40 derniers kms furent du pur plaisir, nez dans le guidon, rouler, se refroidir, pousser et dépasser pas mal de monde. Je les passe un par un, quasi à l’arrêt parfois. Je suis bien et je m’amuse vraiment sur mon vélo. Même si à plusieurs reprises, je pensais à mon vélo réparer, faut que ça tienne, être concentrée sur la route pour ne pas crever. Benja me dit toujours reste concentrée et tu ne crèveras pas,….Je regarde aussi mon temps vélo, c’est possible de faire 5h30, dans ma tête ce serait un bon temps ça, allez faut rien lâcher. La chaleur était bien présente et j’ai fait attention de me refroidir à tous les ravitos et entre eux. Toujours avoir de l’eau sur mon vélo. Et je termine mon vélo en 5h32.
Maintenant place au marathon,…. La transition se passe à nouveau bien, je prends le temps de bien tout prendre, gel, eau et encore me refroidir.
C’est parti. Les 2 premiers kms tournent bien ensuite je n’ arrive pas à avoir un rythme. Je coure, je marche aux ravitos et parfois entre ceux-ci mais peu. Je croise Pierre Beaufort qui m’encourage puis Rafael Martinez, ils sont pas très loin je me dis … Mais rien à faire impossible d’ accélérer, peu d’énergie, je ne comprends pas trop surtout que je n’ai pas trop poussé à vélo. Les Watts bien en dessous de ce qui était prévu. A nouveau, je bois (coca), mange,…mais toujours rien. Je croise Benja un peu plus loin, il est 2 kms devant, ça va me booster , et non toujours une allure assez lente. J’arrive à la côte de Palani Road, et là je la coure avec de toutes petites foulées. Les encouragements d’ Anne Beaufort Fallais et Alex ainsi que la famille Montoisy m’aident. Arrive enfin la « Queen K ». Une grande route 10 kms aller 10 kms retour et au milieu 4 kms dans Énergy Lab. Les 10 kms aller je coure, pas très vite, et un moment je craque et oui, je me dis c’est pas possible tu vas mettre 5h, je dois me reprendre, je repense à vous tous, à Nico mon entraîneur, je me remets dans un mode diffèrent. Ça ne change rien à mon allure mais je coure. Énergy Lab arrive. Ça y est c’est la fin,...reste 14 kms quoi. Je dépasse Benja au bout d Énergy Lab, il m’ en reste encore 12. Je sais que je peux faire sous 11h. Je lui demande de m’ aider et de courir avec moi. Impossible pour lui, il ne saurais plus. OK allez, on y va alors. Je regarde à nouveau ma montre, je calcule, il me reste un peu moins d’ 1h20 pour faire 12 kms, c’est possible. Courir en 5’30, c’est faisable, j’ ai terminé en Afrique ainsi. Et non, l’envie est là mais mon corps ne suit pas. Bon ce sera plus lent alors mais faudra courir. Tête haute, je suis bien repartie, je me force à sourire et après c’est naturel. Je m’aide des autres athlètes, je continue à boire aux ravitos et me refroidir,… Je sais que si je n’y arrive pas je serais déçue, j’aurais des regrets. Je repense à ce que tout le monde me disais avant, n’oublie pas de profiter. Je peux admirer le coucher de soleil en courant waouh. Puis à plus ou moins 4 kms de l’ arrivée, je vois Yannick, super il va m’ aider. Il a des crampes et ne saurait pas, il m’encourage. Je pars et puis je craque à nouveau et je l’entends crier « coure ». C’est bon, c’est reparti, je coure, coure, les larmes montent en moi en arrivant près de l’arrivée. Je passe sous un arbre (genre un énorme arbre comme dans Pocahontas si vous connaissez), un arbre magique, avec le chant des oiseaux, juste beau, indescriptible. Et ça y est, le tapis rouge, les drapeaux, les applaudissements, j’y suis. Je passe cette fameuse ligne d’arrivée en 10h54. Je suis heureuse, satisfaite, et j’ai beaucoup d’émotions. J’attends Benja qui ne tarde pas à arriver.
Je suis fière de comment je suis arrivée à cette course, de la façon dont je l’ai abordée. Je suis assez satisfaite de celle-ci. Une natation et un vélo très corrects et j’en suis vraiment plus que contente. Un marathon qui ne s’est pas passé comme je pensais mais qui aurait pu se finir en 5h. J’avais peu d’énergie, la raison ? Mais j’ai réussi au final à me fixer un autre objectif pas un temps au marathon car c’était aller droit dans le mur mais sous 11h. J’améliore de 26 minutes par rapport à 2015. Il y a 2 ans, je franchissais cette ligne avec bcp de déception et de regrets. Aujourd’hui, je la franchis épanouie, satisfaite, avec beaucoup de positif et des points négatifs qui me porteront. C’est une chance que j’ai d’avoir pu participer à ces championnats, et j’en suis consciente.
Je pense que je reviendrais un jour, en tout cas je garde espoir si j’en ai la chance.
Félicitation à Benja, Sacha, Pierre, Yannick, Rafael, Alexandra Tnd Privé, Guillaume et TiBoDo pour leur course.