Pour mon premier Ironman, celui de Barcelone semblait être l’événement idéal pour débuter dans ce format. Une destination attrayante, un climat propice à la pratique du sport, une date bien placée en fin de saison et un parcours pas trop difficile. Malgré tout, j’avais quand même de l’appréhension : ma préparation a été bonne, mais avec une saison aussi chargée derrière moi, il m’était impossible de prévoir comment mon corps allait réagir dans une course aussi longue.
Près de 1800 athlètes venus de toute l’Europe seront au départ. Je m’élance dans la première vague, avec tous les pros pour les 3800 m de natation, étant donné mon niveau, je me retrouve vite en queue de groupe. Apres 200m, j’arrive à me caler dans des pieds, mais je trouve que le rythme n’est pas assez soutenu et j’essaye de rattraper le groupe devant, malheureusement, sans succès. Je me retrouve donc seul et je continue à ma vitesse. Un peu après le demi-tour, je me fais foncer dessus par des pelotons (les vagues parties après moi) ! C’est surprenant de se retrouver à contre courant dans un groupe de 50 nageurs. 5 minutes après rebelote avec la vague d’après, je commence à trouver ça bizarre et je décide de me décaler sur la droite, croyant m’être trompé dans mon orientation… Finalement, j’aurais dut suivre ma route car j’ai perdu un temps précieux en allongeant le parcours natation… Je sors de l’eau en un peu moins d’une heure.
Ma transition n’est pas rapide non plus, mais la route est encore très longue. Le début du parcours vélo est sinueux et en mauvais état et je perds une partie de mon ravitaillement solide. Après, nous rejoignons une grande route assez plate et rectiligne sur laquelle nous allons effectuer des allez-retours. C’est assez monotone, mais très rapide, seuls quelques ronds points ralentissent l’allure. Je double quelques concurrents mais je ne me sens pas à l’aise, j’ai difficile à digérer. Avant le demi-tour, je croise les 2 premiers, j’ai 10 petites minutes de retard, 2 minutes après, un groupe plus important se présente et enfin, à 2 minutes de moi, un deuxième groupe. Après avoir viré, Il me semble avoir un léger vent de face, les sensations ne sont toujours pas là … Puis, je commence à apercevoir la queue du peloton et ça me motive. Je les rattrape peu après, je double tout le monde et j’accélère : il y a un arbitre qui surveille, cela va m’aider à éliminer les plus faibles… Après 70 km, nous entamons une portion un peu plus vallonnée, 2 ou 3 gars augmentent un peu l’allure, je m’arrache peu pour les suivre. Nous entamons le deuxième tour et ils se calment, je repasse devant et roule au train, je commence à être dans l’allure. Il y a maintenant beaucoup de monde sur le parcours, il est difficile de suivre la course et de se situer. Je crois qu’il n’y a plus que 2 ou 3 cyclistes avec moi. Au 100ième, je reprends Xavier Le Floch qui a crevé. Peu après, je passe un groupe avec Michael de Wilde. Certains s’accrochent. Il commence à faire chaud, je bois et me repose un peu, on prend mon relais. A la fin de la deuxième boucle, comme au tour précédent, ça s’énerve. Je ne m’affole pas. Le groupe a un peu maigri et je reprends la tête pour le reste du parcours vélo. Dans les 3 derniers kilomètres, j’accélère pour mener la partie technique et être sur de rentrer premier du groupe.
On m’annonce 7ième à 7 minutes de la tête ! De plus, je me sens frais. Un danois revient sur moi, je le laisse mener. Entre le kilomètre 3 et le kilomètre 4, nous courons en moins de 4 minutes. Je me force à ne pas accélérer. Au demi-tour (après 5 km), on croise Zamora, un peu derrière, il y a un groupe de 3, avec Ben Pernet. On revient dessus 5 km plus tard. Zamora ne nous reprend quasi rien. Après 1h, j’ai déjà courut 15 bornes, mais je commence à avoir faim et je commets l’erreur de vouloir compenser par des gels et trop de boisson iso. Trop de sucre d’un coup, l’effet est immédiat, je me tape une hypo réactionnelle. D’un seul coup, je n’ai plus de force et une sensation de soif extrême… Je me traîne jusqu’au ravito suivant et je m’enfile une bouteille entière de gatorade et une banane. Peu à peu, je retrouve des forces. Malheureusement, ça ne dure pas et au ravito suivant, même chose : banane et gatorade, puis forme et méforme… La suite de la course à pied va être en dents de scie, sauf les 10 derniers kilomètres où j’arrive à gérer mon alimentation. Je finis même dans un bon état. Finalement je coupe la ligne en 8h40 !
Je passe la ligne heureux et satisfait de ma première expérience sur IRONMAN. Une natation honorable, le premier temps vélo à 41km/h de moyenne et J’ai couru en 3h10 en ayant l’impression de me traîner pendant 25km. En gagnant 10 minutes, je me retrouverais 5ième…